A peine les feux s’éteignaient que les murs Facebook se noircissaient de réactions et photos sur l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Je me suis aventuré dans les décombres de ces nombreux commentaires de maliens choqués de voir l’engouement pour la reconstruction d’un tel édifice. Les causes aussi nobles les unes que les autres pour l’utilisation judicieuse du milliard de dons ne manquaient pas. En commençant par les orphelins, les victimes de guerre, jusqu’aux manuscrits de Tombouctou. Je n’ai pas pu m’empêcher de me poser des questions: Combien les maliens ont ils donné pour sauver les manuscrits de Tombouctou? Quel grand patron-ne malien-ne- a bougé le petit doigt pour sauver un bout du patrimoine du pays?
« Au Mali, personne n’a donné quoi que ce soit »
Sur les réseaux sociaux, les « experts en gestion de fonds » avaient les meilleures idées sur l’utilisation de l’argent d’un autre peuple pour quelque chose qui leur est cher. Dans cette expertise, ils oubliaient tout bonnement qu’ils n’ont eux même pas donné un rond pour leur propre patrimoine au Mali. Pour El Boukhari Ben Essayouti, conservateur du patrimoine et chef de la Mission culturelle de Tombouctou, cette indignation des maliens est paradoxale. Pour celui qui a supervisé la reconstruction des mausolées à Tombouctou
» Aucun riche-s patron-ne-s et autres grandes entreprises comme Orange Mali, ou Malitel n’a donné un rond pour financer la reconstruction des mausolées. D’ailleurs aucun pays africain n’a contribué. En plus de cela ce sont des maliens comme Ahmed Al Mahdi qui a été jugé par la CPI qui ont détruit les mausolées et ce sont l’Union Européenne et la Suisse qui ont financé la reconstruction. »
Où étaient ces grands noms que les griots chantent à longueur de journée pendant les sumu? Peut-être en train de rivaliser à l’obtention de signes extérieurs de richesse, prendre une deuxième femme, construire un immeuble ou distribuer des liasses de billets lors des grands sumu, acheter des chevaux, des voitures de luxe…? Sous l’occupation des régions du nord du Mali, les manuscrits de Tombouctou étaient menacés de destruction. Nombre d’entre eux ont été sauvés et restaurés grâce à l’ONG SAVAMA DCI. Ce plan de sauvegarde et de restauration des manuscrits arabes de Tombouctou de 2013 à 2018 a été financé par la coopération Suisse. La restauration du monument Alfarouk de Tombouctou financée par l’UNESCO.
Agissons pour sauver ce qui est important pour nous au lieu de critiquer les autres
Les patrimoines immatériels c’est aussi Fissa Maïga, Oumou sangare, Salif Keita, Tinariwen, Inna Baba, Toumani Diabate, Ben Zabo… tu as déjà acheté lequel de leur album ou payer pour leur concert pour qu’ils puissent avoir ce qui leur revient de droit? Ou bien tu vas attendre le jour où ils auront une maladie et faire un post pour demander de l’aide et ensuite accuser le ministère de la culture de non assistance? C’est à nous de chercher de l’argent et de l’investir dans ce qui est important, dans le patrimoine de notre peuple et de notre nation au lieu de critiquer les autres d’avoir accordé de la valeur à leur patrimoine, leur histoire. Soyons jaloux de cela et faisons de même pour les nôtres parce que notre inaction est le pire incendie qui consume et brûle à petit feu notre histoire, celui de nos peuples et de la nation. A ce propos, il y a les appels au don pour la restauration de la mosquée de Bobo Dioulasso. Il est encore temps de faire un geste.
1 commentaire
Merci Georges Attino pour cette mise au point sans langue de bois. A ce sujet je viens de finir un livre incroyable de Mélanie Talcott » Yek Do Se, jusqu’où peut-on aimer? ». Le livre commence au Mali en abordant ce sujet… et en parlant d’autres « gardiens de l’ombre ». Ce n’est pas qu’un roman…
Cordialement