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Seydou Keïta, sabali je veux être beau

Seydou keitaSans titre, 21 mai 1954 © Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

Les lions, la faune, la flore… c’était les images les plus connus de l’Afrique. Loin de ces clichés tout faits d’une Afrique considérée comme « sauvage », les pères de la photographie africaine ont su magnifier les africains en leur montrant une nouvelle image d’eux mêmes, une image plus valorisante à l’orée des indépendances. Ils ont débroussaillé le terrain de la photographie en Afrique. Et pour ce faire, il fallait  que les africains soient photographiés par des africains. Ils sont plusieurs à avoir présenté l’Afrique autrement à travers leurs photos. Aujourd’hui, je m’en vais vous présenter l’un des père de la photographie africaine Seydou Keïta (1921-2001).  

 

Sans titre, 1956-57 © Seydou Keïta SKPEAC photo courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

Seydou Keïta, « fais moi une jolie photo »

C’était certainement la phrase que les bamakois avaient en tête en partant au studio de Seydou Keïta. Cette demande était largement suffisante. Ils n’avaient pas besoin de venir avec autre chose. Il y avait comme une relation fusionnelle avec les personnes qu’il prenait en photo. C’était plus que des clients. Seydou Keïta voulait que les gens qu’il photographiait se voient beaux, qu’ils sachent qu’ils sont magnifiques.

« Quelqu’un qui n’a pas fait sa photo avec Seydou Keïta n’a pas fait de photo ! ».

une citation extraite du livre Seydou Keïta de André Magnin et Youssouf Tata Cissé, Ed. Scalo, Zürich, 1997

Autoportrait 1953 © Seydou Keïta / SKPEAC / photo collection Alexis Fabry, Paris

Dans le studio de Seydou Keïta, les clients pouvaient se faire photographier avec des accessoires. Des habits chics, chapeaux, bijoux, montres, fleurs mais aussi poste de radio, vélo, scooter, voiture… que Keïta mettait à leur disposition. Seydou Keïta mettait tout en œuvre pour que les gens se voient beau. Et pour cela il maîtrisait parfaitement l’art de la mise en scène. Rien n’était laissé au hasard.

Seydou Keïta ne fait qu’une pose par sujet. Il  ne pouvait pas se permettre plus pour des raisons économiques. Tout Bamako des années 1940 à 1977 accourrait pour se faire photographier chez lui. Tout ce qui figure dans l’image participe à sa beauté naturelle. Seydou Keïta est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands photographes africains.

A l’exposition Seydou Keita au Grand Palais de Paris. © Alhoudourou MAIGA
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Georges Attino
Georges Attino
Journaliste, photographe et blogueur, je partage avec vous sur ce blog l’autre version du Sahel. Le Sahel plein de vie, de joie et de bonne humeur. Enroulez votre chèche, prenez une bouteille d’eau et allons à la (re) découverte de cet oasis de culture.
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