Aminata Boré n’aime pas tourner en rond. Elle est directe et franche. Ces traits de caractère, on les retrouve aussi dans ses poèmes. Dans son recueil, elle trempe une plume incisive dans les plaies de la société malienne. A la lecture des poèmes, ils font d’abord l’effet d’un désinfectant sur une plaie. ça fait mal et on prend connaissance de la réalité. Ensuite, comme l’espère Aminata Boré, viendra la cicatrisation et la guérison.
« Les poèmes qui sont dans ce recueil évoque la situation de la société, notre quotidien, nos réalités mais aussi des faits de l’histoire en tant que malien dont nous ne sommes pas forcement fiers et que nous voudrions peut-être oublier mais qu’il est important d’évoquer parce que ça fait partie de l’histoire. »
Avec une franchise déconcertante, la jeune écrivaine s’exprime. Elle nous regarde droit dans les yeux et dit « je suis une femme ». C’est le premier poème d’un recueil écrit sur les bancs du lycée alors qu’elle n’avait que 17 ans. Une manière de s’affirmer mais aussi de s’attaquer aux préjugés et idées reçues qui relèguent les femmes au second rôle dans la société malienne.
» Dans ce poème j’évoque cette théorie qui régie la société malienne comme quoi une femme qui ne souffre pas dans son foyer n’aura pas d’enfants bénis. Quelque part c’est comme si tout est mis en scène pour faire souffrir la femme, pourvu qu’elle ait des enfants bénis. »
De la condition féminine, à la guerre en passant par la corruption jusqu’à la place de la religion dans la société malienne, Aminata Boré n’omet aucun sujet. Si le chemin est long et les sujets délicats, la poétesse de 22 ans ne perd pas espoir pour autant. Recueil se termine sur une ode à l’espoir à travers le poème » seconde chance ». Comme pour dire que tôt ou tard, les plaies finiront par se cicatriser.
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