Le mardi 07 novembre c’est la journée internationale de l’écrivain africain. Pour célébrer cette journée je vais vous parler d’une auteure dont j’apprécie particulièrement les textes, Ken Bugul. Pour celles et ceux qui comprennent Wolof, le nom résume assez bien une bonne partie de la vie de cette auteure dont le talent de conteuse vous amène très vite dans son univers si particulier. Ken Bugul, « personne n’en veut » est le pseudo choisi par Mariétou Mbaye pour raconter de sa plume légère et attachante des histoires très souvent inspirées de son vécu.
Orpheline à seulement 5 ans
Née au Sénégal en 1947, d’un père alors âgé de 85 ans et d’une mère dont elle dut se séparer à seulement 5 ans, Mariétou Mbaye a été toute sa vie durant marquée par la brutale séparation d’avec sa mère. Ce mal être et cette souffrance transparaissent d’ailleurs dans son roman « De l’autre côté du regard » où elle décide d’entreprendre un dialogue avec sa mère morte et lui fait part de ses reproches. Comme bon nombre de ses romans « De l’autre côté du regard » a été fortement applaudi par la critique. Mais avant de devenir une auteure adulée et une plume dont le Sénégal et l’Afrique se vantent désormais Ken Bugul a essuyé bien de revers.
Un courage à toute épreuve
Son baccalauréat en poche, elle commence ses études à l’université de Dakar avant d’obtenir une bourse pour poursuivre son cursus universitaire en Belgique. Sa souffrance existentielle la conduit dans les affres de la prostitution, de la drogue et tous les vices du mouvement hippie des années 80. Après avoir essuyé humiliations et tortures morales, elle est finalement de retour en 1978 dans son Sénégal natal. Non loin de panser ses blessures, la vie lui en inflige de plus dures. Mais cette battante choisit de se relever après chaque coup dur.
Ses péripéties sont racontées dans ses romans « Le Baobab Fou » « Cendres et Braises » et « Riwan ou le Chemin de Sable» tous plébiscités par la critique et les lecteurs. Ken Bugul obtient finalement en 1983 un poste de fonctionnaire internationale qui lui permet de voyager à travers l’Afrique. Elle rencontre l’amour au Maroc en la personne d’un médecin béninois avec qui elle aura une fille unique. Son bonheur est de courte durée puisque son mari décède en Aout 1991 alors que sa fille n’avait que 4ans. Ken Bugul décide alors de vivre avec elle au Bénin pendant quelques années avant de revenir définitivement au Sénégal.
Ken Bugul, tout le monde en veut désormais
Depuis 1993, l’écrivaine se consacre entièrement à l’écriture et la publication de ses œuvres. Elle reçoit entre autres récompenses le Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire et est distinguée Chevalier des Arts et des Lettres de la République Française. Quand elle n’écrit pas, cette femme d’exception met son talent au service de causes telles que la promotion d’œuvres culturelles ou encore la réhabilitation et la valorisation des couches sociales défavorisées.
L’absolue nécessité d’écrire et les romans qui en ont découlé représentent un élégant pied de nez que Ken Bugul fait à la vie qui, c’est le cas de le dire n’a pas été tendre avec elle. Fort heureusement aujourd’hui Ken Bugul, tout le monde en veut.
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2 commentaires
C’est l’une de mes auteures préférées, j’ai lu bcp de ses écris et franchement jusqu’à présent je reste marquée.
Une plume exceptionnelle en effet. Merci de me l’avoir fait découvrir 😉